Whisky Pieuvre

Whisky Pieuvre

mercredi 21 juillet 2010

Triste époque pour le réveil matinal

Complu dans la prévisibilité pop d'un Metal Machine Music, mon « réveil » (mérite-t-il encore ce nom?) m'a ce matin infligé ses récitations de leçon sur les liens de cause à effets. L'intention naïve de faire succéder une gueule de bois au trop-plein d'alcool n'attardera pas le paternalisme que je réserve habituellement à ces braves hommes de couleur qui chaque jour emploient leurs petits esprits pleins de simplicité à charger des régimes de bananes sur leurs authentiques petites camionnettes, me permettant ultérieurement d'écrire une chronique assassine sur le susdit fruit dont la connotation prolo n'est un secret pour personne. Voilà bien l'occident, son petit rationalisme étriqué qui engourdit l'imagination, interdit la fantaisie et fait progresser la médecine. Car après tout, les indigènes camerounais d'Abidjan, au Mali, avaient-ils besoin de notre « progrès »? N'étaient-ils pas plus heureux à chasser le jaguar sur les bords du Gange en exhibant leurs derrières grossièrement peinturlurés? Pour avoir beaucoup côtoyé ces gentilles bêtes, notamment en regardant les documentaires de la regrettablement accessible Arte lors d'insomnies solitaires probablement dues au départ récent de ma femme avec un type plus jeune, plus beau et qui ne passe pas son temps à la rabaisser devant les invités en énumérant les faiblesses de son parcours scolaire, j'en viendrais presque à dire que j'ai honte d'être blanc. J'irai plus loin: si demain l'esprit nègre se montre subitement sensible à la subtilité d'un whisky pieuvre et s'extirpe un chouïa du moule minimaliste de ses peintures sur paroi de caverne, je suis prêt à troquer ma vilaine peau blanche contre le cuir sombre d'un de ces guerriers d'ébène et à psalmodier leurs charabias chamaniques à condition d'y appliquer une certaine froideur post-punk. Hélas nous ne sommes qu'en 2010 et j'ai conscience que la nouveauté choque. Mais je m'en tape. Rien ne me bâillonne. Que la milice de monsieur Sarkozy vienne me chercher quand elle le souhaite; qu'elle me fusille, je refuserai le bandeau. Il existe de belles choses pour lesquelles on peut mourir et parmi elles il y a le droit de dire que la gueule de bois ça emmerde tout le monde. J'ajoute un demi-point à ma note habituelle à cause de l'euphorie de la révolte et du crack que je prends depuis que ma femme m'a quitté.

1,5/10

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